Sep 16, 2010

[La pause-café] Le "mauvais juif" qui désirait aller danser (2)

(Pour lire la première partie de cet article, cliquez ici)

Tandis que Jacques se trouve dans l'endroit où il désirait être depuis le début de la semaine, il ressent un pincement de cœur. Affalé sur un cousin, il se détache de lui-même et a l'impression de se transformer en caméra qui le filmerait. Un énième verre d'alcool fort à la main, Jacques se trouve penaud, presque misérable.

Il a l'impression d'avoir tout raté. Les disques du Rav ne lui ont servi à rien ; ses bonnes résolutions ont été depuis longtemps oubliées. En d'autres termes, Jacques a honte.

Pourtant, il devrait savoir qu'à cet instant précis, c'est D-ieu qui lui tend la main. Se sentir misérable d'être tellement éloigné du Créateur révèle une grandeur d'âme hors du commun. Au Ciel, les anges regardent Jacques comme s'ils regardaient un Saint. Lui ne le sait pas. Plutôt, il pense être le dernier des mécréants. Il n'en est rien : D-ieu Lui-même verse une larme d'amour pour cette âme juive qui pense en ce moment à Lui.

Que Jacques ne baisse pas les bras ! Le mauvais penchant a tout fait pour le faire tomber et y est presque arrivé. Malgré tout, au plus profond du puits, le Satan n'a pas vu surgir l'attaque : une pensée du Divin.

Penser à D-ieu… au plus mauvais moment

Tandis que Jacques pense à sa soirée, les évènements célestes le laissent indifférent. Son regard se pose sur les personnes qui sont en train de danser sur la piste. Quel monde bizarre ! Il y a seulement quelques minutes, il faisait partie d'eux et maintenant il pense au Créateur du monde. Quelque chose d'anormal doit fonctionner dans sa tête.

Jacques s'en voudrait presque. S'il avait su que son plaisir serait en partie gâché par des pensées vertueuses, il aurait bien économisé le prix d'entrée du club de nuit ! Au moment précis où son plaisir était supposé atteindre son apogée, voilà qu'il sent les remords l'envahir. Quel imbécile est-il de ne pas savoir à quel clan il appartient : à celui des croyants ou à celui des fêtards.

Si Jacques avait des lunettes d'un autre type, il verrait qu'il est sur le point de briser les portes du Ciel. Encore quelques minutes d'une sensation désagréable au fond de lui et s'en est fait : il sera intronisé dans le Panthéon des Justes.

Même assis au beau milieu de cet endroit enfumé, Jacques se prépare une entrée royale dans la cour des grands. Certes, tout le monde là-haut aurait préféré qu'il écoute ce soir-là les disques du Rav plutôt que cette musique assourdissante. Cependant, dans la mesure où il a poussé la porte du club de nuit, les anges restent époustouflés en constatant qu'au milieu de la "faute", Jacques a des pensées de repentir.

Jacques peut l'assurer : assis sur le canapé de club de nuit, entouré de corps qui se démènent et un verre à la main, son cœur a des pensées élevées et de repentir. Que Jacques sache que ces pensées le rendent cher aux yeux du Maître du monde. La prochaine fois, il essayera d'obtenir le grand chelem : avoir les mêmes pensées, sans se rendre dans une boîte de nuit. Pour l'instant, il peut être heureux : il a réussi l'exploit de penser à D-ieu tandis qu'il se croyait perdu. Le repentir a commencé pendant que la faute était faite. Grandiose ! Zidane en est jaloux !

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Envoyé par David dans La pause-café le 4/29/2009 12:05:00 AM

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